Pour commencer cette semaine de vélo sur la Haute Route Alpes 2017, les organisateurs nous avaient concocté une première étape de 173 km dans l’arrière pays niçois, pour commencer notre remontée vers le Nord avec une arrivée à Pra Loup. L’ambiance sur la ligne de départ était excellente, le melting-pot de coureurs venant du monde entier étant beau à voir. Cette semaine allait aussi être l’occasion de pratiquer mon anglais !
Une première partie de course très rapide
Le départ était donné à 7h, avec le lever du soleil sur la Côte d’Azur qui permettait aux nombreux photographes de réaliser de très beaux clichés. Les 20 premiers kilomètres pour sortir de Nice étaient neutralisés, je prenais place dans les premières position du peloton comme j’aime le faire sur les grandes cyclosportives. Mais dès le départ réel, le ton était donné !
En quelques centaines de mètres, le peloton s’étirait en fil indienne, filant à plus de 50 km/h dans cette vallée entourée de montagnes arides. Cette euphorie n’allait cependant pas durer bien longtemps, car le premier col de la journée se proposait déjà à nos roues…
Placé dans les premières positions, j’attaquais cette montée très motivé et appuyait déjà fort sur les pédales. Le rythme cardiaque s’élevait, j’étais déjà à fond. Bien conscient que je ne pourrais tenir la semaine à un tel rythme, je relâchais raisonnablement l’effort pour me caler à une allure qui me convenait mieux. Ce n’était quand même pas une partie de rigolade, je roulais déjà bien vite en étant particulièrement concentré sur mon effort.
Au fil de l’ascension du col d’Ascros, je prenais finalement les roues d’un petit groupe dans lequel un anglais paraissait survolté. Ce Graham était visiblement très motivé ! La pente n’était pas très importante, ce qui permettait de prendre des relais pour rouler plus efficacement. Je participais au travail collectif, mais devait m’employer à chaque relais.
Le sommet était ainsi vite atteint et nous offrait un premier ravitaillement stratégique. Malgré l’heure matinale, il faisait déjà chaud et mes bidons étaient déjà presque vides. Je prenais le temps de faire le plein avant de me jeter dans une première descente rapidement avalée.
Le profil du jour m’inquiétait un peu, car il y avait entre le bas du col d’Ascros et le pied du col de la Cayolle une très longue vallée à traverser. Au bas de la descente, je me retrouvais seul à 300 mètres de deux coureurs que j’apercevais devant moi. Sans me poser de question, je produisais un gros effort pour les rejoindre puis pour prendre avec eux des relais appuyés. Un autre groupe de 3 coureurs était en effet encore devant et nous les rattrapions en quelques minutes. Notre groupe de 6 roulait à une bonne allure, ce qui nous permettait de reprendre encore deux éléments.
Cette vallée que je redoutais tant allait ainsi être vite traversée, mais son profil en faux plat montant me faisait quand même largement puiser dans mes réserves. Mes compagnons de route étaient tous très en jambes, le rythme était vraiment soutenu ! Sans vraiment m’en rendre compte, je soutenais un effort comparable à celui d’une montée de col, mais je n’avais pas vraiment le choix pour suivre les coureurs de mon groupe…
Un premier grand col pour trouver le rythme
Puis, à la sortie d’un village, les premières pentes du Col de la Cayolle nous obligeaient à passer sur des développements plus petits. Sentant bien que les jambes commençaient à fatiguer, je décidais de laisser partir les autres coureurs de mon groupe pour me caler à mon propre rythme. La chaleur se faisait vraiment ressentir malgré l’altitude déjà élevée, et il fallait s’employer pour gravir ce magnifique col. Peu à peu, je reprenais quelques audacieux qui étaient partis trop fort, ou me faisait doubler par des coureurs ayant été plus prudents que moi au départ. Il faut dire que j’avais grillé pas mal de cartouches dans la vallée, ce qui rendait encore plus dure cette longue ascension.
Au sommet, le chronomètre était coupé pour nous inciter à ne pas prendre de risques dans la descente. Un ravitaillement en contre-bas nous attendait, j’en profitais alors pour refaire le plein des bidons et manger un peu pour recharger les batteries. A ma grande surprise, certains coureurs étaient presque en train de faire la sieste, prenant vraiment leur temps pour récupérer en profitant du soleil. Ayant quand même le sentiment d’être placé dans le premier tiers de la course, je ne m’attendais pas à une telle stratégie de course.
Pour ma part, je ne préférais pas m’attarder afin d’éviter de prendre froid et surtout ne pas perdre le rythme de la course. Bien que non chronométrée, je me lançais à fond dans la descente, histoire de me faire un peu plaisir après tant d’efforts consentis pour grimper.
La descente vite avalée, il nous restait encore un morceau non négligeable au programme. Je retrouvais des routes que je connaissais, car nous attaquions la dernière montée du jour vers la station de Pra Loup. Cette montée courte (seulement 6 km) et plutôt roulante me faisait quand même bien mal aux jambes, si bien que je n’arrivais pas à suivre le groupe dans lequel j’avais pris place. Mon rythme était pourtant élevé, je ne pouvais pas faire mieux.
Le sommet était rapidement en vue, mais les deux derniers kilomètres à plus de 10 % dans la station étaient terribles. Je terminais pourtant en trombe, revigoré par la perspective de passer la ligne d’arrivée. Je franchissais celle-ci après 6h d’efforts pour obtenir une convaincante 50ème place, pile-poil dans l’objectif que je m’étais fixé.
Je profitais tout de suite des excellentes conditions offertes par la Haute Route pour me restaurer puis profiter d’un massage salutaire pour remettre les jambes en place. Je retrouvais ensuite mon club de supporter au camping-car pour débriefer cette première étape. Quel plaisir de rouler et de camper dans un tel décor !