Parler de vent sur un blog de cyclisme, il n’y a là rien de très original. Pourtant, la lecture d’un magazine cycliste “du pratiquant” m’a poussé à écrire ces quelques lignes à propos de cette force de la nature que beaucoup de cyclistes détestent. On dit souvent que le vent est l’ennemi du coureur cycliste, et que seuls les coureurs belges et néerlandais sont capables d’en faire un allié. Détrompez-vous …
Utiliser le vent pour mieux vous entraîner
Si comme moi vous lisez de temps à autre des magazines de vélo qui sont tournés vers la pratique cyclosportive, vous avez certainement remarqué que les sujets sont redondants. On nous sert chaque année la même soupe composée des mêmes ingrédients et assaisonnée de la même façon : la reprise après une coupure, la préparation des cyclos d’été, comment perdre les kilos en trop pris l’hiver, voilà autant de sujets que nous connaissons par cœur. Le problème dans tout cela, c’est que ces publications ne sont le plus souvent pas très poussées, et remplies de contre vérités basées sur des préceptes d’un autre âge.
Reprenons le thème du vent par exemple. Tous les articles magazine traitant du sujet vous diront qu’il vaut mieux partir vent de face à l’entraînement, quitte même à faire des zigue-zague pour avoir plutôt le vent de côté, puis rentrer tranquillement vent de dos. Évidemment, en course il faut faire des bordures mais on ne vous explique que rarement les subtilités de cet art …
Le premier a priori que je souhaite faire tomber est la règle qui veut qu’il faut toujours partir avec le vent de face à l’entraînement. C’est sûr que d’un point de vu mental, c’est plus facile. Le vent de face est aussi usant pour les jambes que pour le mental, il est donc plus agréable de souffrir au début pour souffler un peu sur le retour. Mais chers coursiers ou cyclosportifs, pensez-vous vraiment que cela soit pertinent, alors que chacun sait que les moments les plus durs des compétitions se situent en fin de course ?
Pour ma part, selon l’objectif de ma sortie, je n’hésite pas à partir avec le vent dans le dos, en roulant vite pour ne pas être dans un faux train trop facile, puis à rentrer vent de face en faisant mes séances de fractionné pour être vraiment dans le dur. Car c’est là un véritable atout du vent. Si vous n’avez pas à proximité de vos routes d’entraînement de bosses très longues, difficile de bien réaliser les séries sur le plat. Le vent de face est alors un précieux allié qui produit plus ou moins les mêmes effets qu’une route pentue.
Evidemment, il est plus simple de modérer son allure avec un capteur de puissance quand il y a du vent. Au cardio, il est assez naturel de rouler à un rythme rapide mais peu intense vent dans le dos, et au contraire trop intense vent de face en voulant conserver une vitesse “honorable”. Avec mon capteur PowerTap, il n’est pas rare que je roule seulement entre 22 km/h et 25 km/h pour rester dans ma zone cible d’entraînement …
Les bordures en course, ça se travail
Pour revenir sur les articles de magazine, je suis récemment tombé sur une description des bordures qui m’a fait sourire. En gros, l’auteur résumait cela à une file montante et une file descendante en travers de la route. Mais comment ça se passe vraiment en course ?
Tout d’abord, jouer avec le vent nécessite un minimum de préparation. Connaître le parcours et le sens du vent est le minimum vitale pour réussir un coup de bordure. Une analyse rapide fera vite ressortir les changements brusques de direction qui seront les moments opportuns pour prendre les adversaires par surprise. Car l’effet de surprise est bien la clé du succès d’une bordure qui fera “tout péter”.
En pratique, il faut que tous les coureurs de l’équipe soient attentifs au parcours, se concentrent pour rester proche de la tête du peloton. Puis avant d’arriver au fameux changement de direction, tous les coureurs doivent remonter en tête du groupe, puis lancer la bordure dès la sortie du virage. Et à partir de là, plein gaz !
Cela paraît évidemment beaucoup plus facile à dire qu’à faire, et il faut un peu d’entraînement et surtout une bonne cohésion d’équipe pour que cela marche. Bref, comme je l’ai dis plus haut, c’est un art à cultiver pour s’en faire un allié !
Vous trouverez certainement que j’ai la dent dur contre ces magazines que je ne cite pas, mais il faut reconnaître que certains articles sont très légers. Mais comme beaucoup, cela ne m’empêche pas de les acheter …
Il ne vous reste plus qu’à enfourcher votre vélo un jour de grand vent, à partir vent dans le dos pour revenir face à Éole, tel un guerrier qui s’aguerrit au combat … Vous verrez que vous finirez par le plus pester contre ce fichu vent qui plombe vos sorties !