Routes de l’Oise 2016, une édition qui coûte cher…

Le CCV sur les Routes de l'Oise 2016

Dans le cyclisme, il y a toujours des courses qui constituent le sommet d’une saison. Si les professionnels ont pour la plupart le regard tourné vers le Tour de France, chez les coureurs Ufolep du grand Nord de la France, ce sont les Routes de l’Oise qui font rêver… Cette épreuve est tout simplement la plus belle à épingler à notre palmarès de petits coureurs amateurs, alors tout le monde se prépare pour être en forme le jour J. Après ma seconde place une semaine avant à notre course de Verlinghem, je pouvais légitimement avoir quelques ambitions… Retour sur un weekend riche en émotions !

Une première étape qui ne sourit pas au CC Verlinghem…

Comme tous les ans, le départ des Routes de l’Oise est donné à Neuilly-sous-Clermont, charmante petite bourgade qui nous réserve toujours un bon accueil. Avec mes équipiers du CC Verlinghem, nous sommes sur place depuis la veille et avons pris le temps de reconnaître le parcours du contre-la-montre du lendemain le matin. L’ambiance est au beau fixe, tout le monde est en forme et prêt à en découdre sur ces routes que nous connaissons bien. Nous désignons Christophe comme notre leader, lui qui enchaîne les bonnes performances depuis le début de saison et qui est clairement le plus costaud d’entre-nous dès que la route s’élève…

En début d’après-midi, le peloton de 190 coureurs prend place sur la ligne de départ. Nous sommes bien placé, ce qui n’est pas un luxe vu le nombre de concurrents ! Dès le départ, je tâche de me positionner dans les premières positions, ce qui demande déjà quelques efforts et surtout une attention de tous les instants. Ce frotte beaucoup dans ce peloton nerveux, qui est pressé d’en découdre dans la première bosse qui se présente à nous au bout de 15 km.
Celle-ci est avalée rapidement, sans que cela ne permette à une échappée de voir le jour. Je profite quand même de la pente pour bien me replacer, mais la descente qui suit va déjà me poser quelques problèmes. Je prend un gros trou qui fait glisser mon cintre vers l’avant ! J’évite heureusement la chute, et parviens à repositionner le cintre rapidement. J’en suis quitte pour une petite frayeur…

Le CCV sur la ligne de départ...

Le parcours de cette première étape est réputé difficile, et personne n’ose vraiment faire le forcing pour provoquer une réelle échappée. Ce scénario inhabituel n’arrange pas mes affaires, car cela signifie que les différentes montées répertoriées sont grimpées à vive allure. Pourtant, j’arrive à chaque fois à basculer avec les meilleurs, et pense même avoir fait le plus dur au sommet de la 3ème bosse du jour. La montée est en effet suivie d’un long faux plat montant puis descendant, dans lequel quelques costauds tentent de provoquer une cassure. Je jette toutes mes forces dans la bataille pour basculer dans le groupe de tête, ce que je parviens à faire au moment même où ça casse derrière moi. Je pense quelques instants que la bonne échappée est en train de se créer, mais tout se regroupe finalement quelques kilomètres plus loin. Tout est à refaire !

A force d’efforts intenses, je commence à percevoir quelques signes de crampes alors que nous sommes seulement à mi-course ! Je ne panique pas et essaye de gérer la situation, tout en continuant à monter les bosses dans les premières positions pour ne pas louper la bonne. Malheureusement, avec ces crampes de plus en plus présentes, je suis obligé de reculer un peu dans le peloton alors que ça accélère vraiment à l’avant.
Dans une montée hyper pentue, je suis gêné au pied par un coureur qui a fait sauté sa chaîne. Un peu dans la panique, je relance sur un énorme braquet et cale complètement dans la pente, accentuant encore mes crampes. Je ne me rend même pas compte à ce moment qu’un groupe d’une vingtaine de costauds vient de sortir, ça sera la bonne échappée.
Je bascule péniblement dans les dernières positions du peloton, puis boit abondamment pour faire passer ces fichues crampes. Le temps de retrouver mes esprits, j’aperçois Christophe à l’avant du groupe qui a lui aussi loupé le bon wagon. Quelle déception ! Il n’y a malheureusement plus grand monde pour rouler, d’autant plus que le vent de face ralenti notre progression…

Quelques coureurs tentent de sortir en contre, mais sont à chaque fois repris. Pour ma part, je commence à remonter dans les premières positions, arrivant à contenir mes crampes et prêt à repartir au combat. C’est à ce moment-là que Christophe choisit d’attaquer, suivi par 5 coureurs prêts à en découdre. Ils creusent rapidement un écart, et arriveront finalement à revenir sur la tête de course au prix d’une poursuite de 20 km ! Sacrée performance…
Pendant ce temps-là, le rythme est plutôt calme dans le peloton. Si calme que certains coureurs se permettent quelques fautes d’inattention. Alors que je retrouvais quelques sensations en faisant passer mes crampes, que je m’efforçais à rouler dans les 15 premiers du peloton, un coureur faisait un gros écart en tête de paquet, faisant tomber pas mal de monde dans son sillage.
Je freinais en urgence, évitant la chute de peu, mais je m’effondrais au milieu de la route alors que plusieurs coureurs venaient s’encastrer dans mon vélo. Je me relevais rapidement, ne constatant aucune douleur et attrapant mon vélo pour repartir au plus vite. Malheureusement, celui-ci était coincé dans un amas de roues et de cadres dans tous les sens. Il me fallait une bonne minute pour le dégager, et constater que mes deux roues ne tournaient plus.
J’essayais de retirer ma roue arrière pour remettre ma chaîne en place, mais mon dérailleur était complètement de travers. Un coureur du Nord qui était à côté de moi et dont le vélo était HS me proposait de redresser la pâte, ce qui me permettait de débloquer la roue arrière. Pour l’avant, le voile était tellement important que je devais changer de roue, bien aidé par notre mécano Mickaël, toujours hyper réactif dans ce genre de circonstances.

Le temps de réaliser toutes ces manœuvres, je remontais en selle au moins 3 minutes après la chute, bien loin du peloton qui n’avait pas attendu. Je devais m’arrêter une nouvelle fois au bout de 500 mètres afin de régler mon étrier de frein arrière, avant de repartir pour de bon, dégouté d’avoir été écarté sur chute.
La voiture du club revenait sur moi rapidement, et je prenais l’aspiration en roulant à bloc pour boucher l’écart au plus vite. Les jambes étaient plutôt bonnes, mais j’étais tellement distancé que la poursuite s’avérait bien longue. Je reprenais quelques coureurs ayant chuté, parmi lesquels mon équipier Paul dont le cadre était cassé. Au bout de 10 minutes de poursuite, voyant que je n’y arrivais plus, la voiture me laissait sur place dans une bosse pour retrouver son rang dans la file des directeurs sportifs afin de palier à une éventuelle crevaison de mes équipiers.

Je ne baissais pas les bras pour autant, frustré de ne pas pouvoir défendre mes chances à la régulière, et conscient que les jambes n’étaient finalement pas si mauvaises. Je reprenais régulièrement des coureurs ayant lâché, les faisant exploser à mon tour à la moindre petite dénivellation. Au détour d’un virage, je constatais que ma fourche était fissuré et mon moral en prenait un coup. Je m’imaginais à ce moment ne pas pouvoir repartir le lendemain, quelle déception !
Je terminais la course loin du peloton, et encore plus loin des premiers, n’ayant plus de vélo pour continuer… Que ces Routes de l’Oise 2016 commençaient mal !

Le bilan du soir fut encore plus douloureux pour le moral. Outre ma fourche cassée, ma roue avant RAR toute neuve était également détruite par une fissure dans la jante. Pour mon équipier Paul, le bilan n’était pas plus glorieux : vis de porte bidon arrachées, et roue arrière Zipp explosée ! Heureusement, nos blessures n’étaient que superficielles.

Dans la soirée, la solidarité du CCV se mettait en place, et mon équipier JB convalescent me proposait son vélo pour terminer l’épreuve. J’acceptais volontiers, le vélo m’étant livré par ma chère et tendre épouse qui partait en weekend en Normandie et passait non loin de notre gîte. Quelle chance ! Ma course n’était pas finie…

Côté performance, Christophe terminait à une honorable 19ème place après être revenu sur la tête de course, mais ayant sauté dans le final. Quel dommage qu’il n’ait pas pu prendre le bon wagon tout de suite ! Cela ouvrait quand même de belles perspectives pour la suite.

Un contre-la-montre mi-figue, mi-raisin

Lendemain matin, après un réveil aux aurores, il est temps de se rendre sur le site de départ du contre-la-montre. Ayant reconnu le parcours en voiture la veille, je sais que ce chrono sera difficile, plutôt vallonné et balayé par un vent peu soutenu mais qui peut faire bien mal aux jambes.

Je commence mon échauffement sur la route pour faire un petit réveil musculaire, puis monte sur mon home-trainer afin de faire chauffer réellement les muscles. Les jambes sont un peu dures au départ, mais je retrouve rapidement de bonnes sensations qui me donnent le moral. Je suis concentré sur mon effort, prêt à tout donner pour faire un bon résultat.
Ma paire de roue à jantes hautes étant hors service, mon équipier Julien me prête ses Zipp 404 pour l’occasion. Je choisis quand même de m’échauffer avec ma roue PowerTap pour avoir les données de puissance sous les yeux. Mais au moment de changer de roue à la fin de mon échauffement, mes mécanos du jour se rendent compte que la Zipp est trop large pour les patins arrière. Pas grave, je décide de laisser ma roue PowerTap, lourde et pas très aérodynamique mais qui me permettra de mieux gérer mon chrono…

Je roulotte jusqu’au dernier moment, puis monte sur le podium de départ hyper concentré. Le décompte commence, c’est parti ! J’avale le premier kilomètre grand train à plus de 500 watts de moyenne, puis prend un rythme de croisière autour de mon seuil. Je sais que je peux tenir à cette puissance pendant 20 minutes, ça devrait le faire… La première partie du parcours se fait vent de dos, sur le plat puis en faux-plat descendant. J’enroule un gros braquet, je sens que ça envoie pas mal.
Au bout de 4,5 kilomètres, une courte descente permet de prendre beaucoup de vitesse avant d’enchaîner 3 virages un peu serrés. Je les passe rapidement mais sens que j’aurais pu être plus agressif. Le retour vers l’arrivée est par contre beaucoup plus compliqué. Les faux-plats montants s’enchaînent avec un vent de face non négligeable, et j’éprouve toutes les peines du monde à relancer ma machine en sortant des faux-plats. Le capteur de puissance est sans appel, je suis en dessous du rythme que je souhaite m’imposer sur plat, alors que j’y arrive parfaitement dès que ça monte.

Je m’emploie quand même au maximum, mais sens bien que je ne suis pas au max. Je double pourtant les 3 coureurs partis devant moi quasiment en même temps, puis franchis la ligne avec un sentiment mitigé. J’ai l’impression d’avoir tout donné, mais les jambes n’étaient finalement pas si bonnes. Je suis à ce moment deuxième du chrono, mais je sais bien que cela ne durera pas !

Quelques heures plus tard, j’apprends que je termine à une honorable 32ème place, soit mon meilleur score et de loin sur les Routes de l’Oise. Nous réalisons un beau tir groupé avec mes équipiers dans les 30 premiers, et notre leader Christophe fait le meilleur score avec un top 20, lui qui utilisait un vélo prêté pour la première fois ! Sacré Christophe… Il passe du coup à la 13ème place au général, notre objectif sera donc de lui faire obtenir un top 10.

3ème étape, on rate encore le coche…

L’étape du dimanche après-midi à Formerie est très souvent conclue par un sprint massif. Nous sommes bien conscients que le général ne se jouera pas ici, et décidons de jouer l’étape en essayant de prendre l’échappée du jour, alors que Christophe doit plutôt se cacher dans le peloton.

Pour ma part, je prend le départ avec le vélo de JB, dont la tige de selle semi-intégrée ne me permet pas retrouver ma position. La hauteur de selle est encore 4 cm trop haute, cela donne de drôles de sensations au pédalage. Peu importe, je profite pleinement de cette opportunité et prend le départ avec l’ambition de faire la course.

Le peloton au départ de la 3ème étape

Le départ est donné pour un peloton plus réduit mais qui compte encore 150 coureurs. Les 15 premiers kilomètres sont parcourus vent dans le dos, et nous savons qu’aucune échappée sérieuse ne pourra partir sur cette portion. Je reste plutôt en arrière du peloton qui roule à vive allure, à plus de 60 km/h. Avec ce vélo qui n’est pas le mien, je suis plutôt mal à l’aise. Ce changement de position en plein au milieu d’une course par étapes n’est pas facile à gérer.

Au bout de 20 kilomètres, le parcours change d’orientation puis nous attaquons une portion plus vallonnée. La première bosse est avalée à un bon rythme, et je suis tellement mal placé que je me retrouve dans les dernières positions d’un peloton très étiré. Je n’ai pas beaucoup de force dans les jambes à cause de la position, mais m’accroche en remontant petit à petit. Malheureusement, une cassure se forme juste devant moi au sommet, et je me retrouve avec mon équipier Fabrice dans un groupe attardé, 300 mètres derrière le peloton.
Nous engageons tout de suite la poursuite, je suis un peu paniqué à l’idée de sauter à la première bosse… Heureusement, les relais sont efficaces et nous retrouvons le peloton assez rapidement. On ne m’y reprendra plus, je me replace directement dans le premier tiers du peloton.

Pendant ce temps-là, un groupe de 4 coureurs s’est échappé, et le peloton semble disposé à les laisser prendre un peu d’avance. Aucun de mes équipiers n’a pu prendre le bon wagon. Ça ne roule pas trop fort, ce qui me permet de récupérer un peu. Je passe le reste de l’étape à frotter pour rester dans les premières positions, assistant avec étonnement à la poursuite un peu molle de l’équipe du leader. L’avance monte jusqu’à 1’30”, avant de descendre petit à petit à l’approche de l’arrivée.
La tension monte dans le peloton, mais les quelques acensions du parcours sont montées plutôt tranquillement. Ça me démange de passer à l’attaque, mais les sensations sont tellement bizarres sur ce vélo que je me ravise.

A 10 kilomètres de l’arrivée, les hommes de tête possèdent encore une trentaine de secondes d’avance. Notre peloton commence à s’agiter avec quelques attaques, puis un coup sérieux part. Mon équipier Fabrice en fait partie, je me dis que ça peut le faire si ça s’entend bien.
Les sprinters remontent en tête de paquet, ça frotte beaucoup mais je maintiens ma place à l’avant. Je rétrograde un peu dans le dernier kilomètre, ne voulant pas prendre de risque alors que je n’ai pas grand chose à jouer dans un sprint massif. Deux rescapés de l’échappée s’étant jouer la gagne, le groupe de Fabrice s’étant fait reprendre à 100 mètres de la ligne, il n’y avait plus grand chose à espérer pour ma part…
En dehors de la petite alerte en début de course, c’était une étape tranquille.

4ème étape, l’élastique était bien tendu…

Au matin du 3ème jour de course, les jambes tirent un peu… Pourtant, après un rapide échauffement, je constate que les muscles répondent quand même bien. Cela tombe bien, il s’agit d’une étape vallonnée que j’affectionne, j’espère pouvoir y faire un bon résultat.

Le départ est donné sous un ciel très couvert, et un léger crachin vient abattre sur notre peloton au bout de quelques kilomètres. Ça roule très vite, quelques groupes tentent de se faire la belle, et je profite de l’approche du premier “grimpeur” pour partir en contre. Personne ne suit mon attaque, je donne tout pendant quelques instant pour boucher le trou avec l’échappée qui vient de se former, mais je butte rapidement dans la pente et plafonne à 10 secondes du premier groupe. Je me suis habitué au vélo de JB, mais je sens encore que cette hauteur de selle trop importante me pénalise dans les bosses.
Je rentre dans le rang en étant absorbé par le peloton à mi-pente, et bascule en milieu de paquet.

Une attaque sur les Routes de l'Oise 2016

Le classement général étant encore serré pour les premiers, je m’attends à une grande bagarre dans toutes les montées de ce beau parcours. Effectivement, ça monte vite à chaque fois et j’éprouve toutes les peines du monde à suivre le groupe principal. A chaque ascension, je recule dans le peloton et me retrouve parfois décramponné, le plus souvent avec un ou deux équipiers. Ce n’est pas la joie dans les rangs du CCV…
Heureusement, notre leader Christophe semble être toujours aussi costaud, je profite donc de quelques moments de calme pour l’aider à remonter et se maintenir à l’avant du peloton.

Alors que la fin de course approche, aucune échappée sérieuse n’a pu prendre son envol. Les favoris se marquent, et finissent par se regarder en favorisant le retour de coureurs un peu distancés dont je fais partie. Dans les deux dernières montées, Christophe fait le forcing à l’avant, et fini par s’isoler seul en tête à 5 kilomètres de la ligne.
Derrière, c’est sauve qui peut ! Je me retrouve relégué dans un second groupe avec l’ensemble de mes équipiers, tous à la poursuite du peloton de tête qui compte une quarantaine d’unités.

Christophe donne tout, mais la dernière ligne droite est interminable et il ne peut résister seul au retour de ce groupe de costauds. Il se fait avaler à un kilomètre de la ligne, alors que le futur vainqueur du général place un contre ravageur qui lui permet de s’offrir la victoire.
De notre côté, pas de regrets ! Nous avons courus avec nos moyens, bien diminués par la chute du premier jour, mais vaillants quand même dans cette bataille. Je termine dans le second peloton, à quelques secondes du gros paquet qui s’est joué la victoire…

Christophe prend une belle 13ème place au général, récompensant sa très belle course. Dommage qu’il ait loupé le bon wagon sur la première étape, mais ce n’est que partie remise pour l’an prochain !

De mon côté, le bilan est franchement mitigé car les jambes étaient très moyennes, et ne m’ont pas permises d’être acteur de la course. Peut-être qu’un peu plus d’audace m’aurait permis d’attaquer de loin et d’éviter la chute du premier jour, mais on ne peut pas refaire la course… Je m’en tire heureusement sans blessures, mais avec un bon 1000 € de réparations sur mon vélo… Ça fait cher la chute, mais c’est toujours mieux qu’une fracture !

Il ne reste plus qu’à rebondir pour entamer une deuxième partie de saison plus sérieuse, plus appliquée dans l’entraînement pour obtenir enfin des sensations qui me permettront de jouer la gagne plus souvent…

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