Trek Madone SLR freins à patins, le grand test !

Le Trek Madone SLR avec freins à patins, une machine incroyablement efficace !

Noël est passé, 2020 a commencé, ce qui sonne pour beaucoup de cyclistes la reprise sérieuse de l’entraînement en vue de la saison à venir. Pour patienter avant les premières courses de l’année, on se remémore les bons moments de l’an dernier, on rediffuse les grandes courses du calendrier, et on scrute le marché pour choisir son futur vélo… Car si le Père Noël ne vous a pas apporté le nouveau vélo dont vous rêvez temps, pourquoi ne pas vous l’offrir vous-même ? C’est un peu dans cet état que j’étais il y a tout juste un an, sans savoir que j’allais acquérir le même vélo (ou presque) que le champion du monde 2019 Mads Pedersen…

Oui je suis un chanceux, j’ai pu m’offrir le vélo de mes rêves, dont le tarif dépasse largement les lois du raisonnable. Mais qu’importe, on n’a qu’une vie alors rouler sur le Trek Madone SLR tout au long de l’année est un rêve qui est devenu pour moi réalité. Après quelques milliers de kilomètres parcourus à son guidon, sur tous les terrains, par tous les temps, je vous partage sur ce long article mes impressions sur ce vélo tout simplement formidable…

Un vélo aérodynamique aux lignes séduisantes

Le Trek Madone SLR en version freins à patins est un véritable avion de chasse !

Qu’on se le dise, si le choix d’un nouveau vélo se fait en fonction de critères techniques, c’est avant tout le style qui nous séduit. Rouler sur un beau vélo, c’est comme rouler dans une belle voiture pour ceux qui sont passionnés par les belles carrosseries.

Alors à la sortie du nouveau Trek Madone à l’été 2018, il ne m’a pas fallu longtemps pour faire de ce vélo une cible de choix pour ma future acquisition. Tout me plait sur ce vélo ! Le design du cadre fait la part belle à l’aérodynamisme, avec des tubes en forme de D qui optimisent largement la pénétration dans l’air. Le tube diagonal très massif apporte une touche très racée à la machine, alors que l’arrière parait visuellement plus fin.

Petit plus sur cette dernière mouture du Trek Madone, la version SLR, les freins sont remarquablement intégrés à l’ensemble, devenant presque invisibles quand on regarde le vélo de face. Car oui, en 2019, rouler sur une machine aéro équipée de patins de freins plutôt que des disques est encore possible ! Les étriers de freins avant sont positionnés à l’arrière de la fourche et des caches parfaitement ajustés permettent de les dissimuler. C’est beau, net, sans bavure, il n’y a rien à dire sur le côté esthétique de l’opération !

Le système de freinage avant est remarquablement intégré sur le Trek Madone, et même facile d'entretien malgré les apparences

Le vélo est livré avec un combo cintre/potence spécifiquement développés pour ce cadre, et ça se voit ! Le cintre est dessiné en forme d’aile d’avion inversée, avec une légère courbure vers l’avant et surtout un profil très fin. La potence s’intègre elle aussi parfaitement, laissant quand même apparaitre de nombreuses possibilités de réglages, ce qui n’est pas négligeable pour être sûr de trouver la bonne position.

Le combo cintre et potence du nouveau Trek Madone SLR en action...

La tige de selle, que dis-je, la poutre qui permet de faire le lien entre le cadre et la selle, est à la fois massive et furtive ! On retrouve là aussi une forme de tube en D, qui promet un écoulement de l’air idéal. Toujours dans le même esprit de privilégier l’aéro, le serrage du tube de selle est dissimulé à l’arrière, et offre une large plage de réglage. On peut ainsi se positionner parfaitement sur le Trek Madone, d’autant qu’on peut choisir à la commande une tige de selle droite ou avec déport.

La tige de selle du Trek Madone permet un réglage très précis de l'assise du coureur...

Bref, comme vous l’avez compris, ce vélo présente des lignes assez radicales entièrement dédiées à la vitesse, pour fendre l’air du mieux possible. L’effet est en tous cas réussi, tant les commentaires à l’égard de ce vélo son unanimes. Il est beau !

Un équipement à la hauteur du prestige de ce vélo

Quitte à se faire plaisir, autant aller jusqu’au bout du concept. Afin d’habiller au mieux mon nouveau Madone, c’est donc vers le groupe Shimano Dura-ace Di2 que je me suis dirigé. Il a fallu me convaincre de passer à l’électrique, car je ne trouvais aucun intérêt à cette technologie. Le surcoût à l’achat étant important, que pouvais m’apporter un passage des vitesse avec une impulsion électrique plutôt que manuelle ?

Le groupe Dura-ace Di2 fonctionne à merveille, quelques soient les conditions climatiques...

Je reviendrais plus bas sur l’usage sur la route du groupe Di2, mais toujours est-il qu’il est fortement conseillé sur un cadre aéro du type Madone. En effet, pour que le vélo soit le plus aérodynamique possible, il est nécessaire d’intégrer tous les câbles à l’intérieur du cadre, du cintre et de la potence. Alors évidemment, quand il faut passer des câbles de dérailleurs mécaniques à l’intérieur, les mécaniciens cycles passent beaucoup plus de temps qu’à l’habitude, sans assurer un fonctionnement optimal tant le parcours des câbles est biscornu.
Avec les groupes électriques (avec ou sans fil), plus aucun problème au montage car ils peuvent beaucoup plus facilement se plier en passant les coudes à l’intérieur du cintre et de la potence.

Et visuellement, il faut bien avouer que ça épure le vélo. On ne voit finalement que très peu de câbles (câble de frein arrière sur quelques centimètres, câble électrique au niveau du dérailleur arrière) et on comprend aisément que cela participe à l’aérodynamique générale du vélo. Je précise quand même que le résultat visuel/aéro serait le même avec un groupe mécanique.
On pourrait éventuellement reprocher au groupe Dura-ace Di2 des dérailleurs un peu imposants, mais très franchement, on s’y fait vite !

Le pédalier Dura-ace est de toute beauté !

Question roues, le Madone est évidemment vendu avec des paires Bontrager, la marque maison. Etant déjà équipé pour ma part de roues RAR Even 50 et RAR Even 38, je me suis contenté de commander mon Madone avec des roues basique d’entraînement. Et avec les RAR, il ne manque pas de style !

Sur la route, le missile annoncé ne déçoit pas

J’ai effectué mes premiers tours de roues sur le Trek Madone SLR à la sortie de l’hiver, quelques semaines avant de reprendre les compétitions. J’avais besoin de bien prendre en main ce vélo avant de rouler en peloton à vive allure. Et rapidement, j’ai été bluffé par le comportement de ce Madone !

Venant d’un Look 695 SR, j’avais l’habitude de rouler sur une machine ultra rigide, très réactive aux changements de rythme. Le Madone est du même acabit, offrant des réactions très précises aux sollicitations du cycliste. On sent bien qu’il s’agit d’un vélo dédié avant tout aux compétiteurs, qui n’hésitent pas à “envoyer” ! Au niveau du confort, l’avant renvoie bien les irrégularités de la route, comme sur mon Look, tandis que l’arrière bénéficie de l’excellent système IsoSpeed qui permet de donner une certaine souplesse verticale. Ce système est réglable à l’aide d’un insert qu’on coulisse en dessous du tube horizontal, offrant plus ou moins de souplesse à adapter selon le terrain. Pour ma part, j’ai laissé le réglage environ au milieu, afin de bénéficier d’un certain filtrage sans pour autant négliger la rigidité.

Le système IsoSpeed apporte un peu de souplesse à l'arrière du cadre, un gain intéressant sur les longues sorties...

Passée cette impression de rigidité, on constate rapidement que le Madone est conçu pour rouler vite. Ma position ayant bien évolué entre mon Look et mon Trek, il faut éviter de faire des conclusions trop hâtives. N’ayant pas non plus d’outils de mesure pour juger les gains liés au vélo, je m’en remet à mes sensations et à mon Garmin.
Clairement, en roulant, dès qu’on se couche un peu sur le vélo et qu’on appuie, le rythme s’accélère comme sur tout vélo, mais on sent que ça file vite et que le rythme habituel est plus facile à tenir. A mon échelle, ces sensations se sont traduites sur mes données d’entraînement de façon assez impressionnantes. A parcours et puissance développée égale, mes séances d’entraînement sont plus rapides de 1 à 2 km/h en moyenne comparées à mon Look, qui n’était pas particulièrement aérodynamique. C’est assez énorme, et je n’en revenais pas en voyant ces données à l’issue de mes premières sorties. Rouler à plus de 32 km/h sur des sorties d’entraînement en endurance ne m’était encore jamais arrivé !

En course, les gains sont évidemment plus difficiles à juger, d’autant que j’ai vécu une saison compliquée. Le vélo ne remplace pas les jambes, ce n’est un secret pour personne !

Sur les parcours vallonés, le Trek Madone SLR s’en sort très bien également. Le léger surpoids du vélo n’est pas du tout pénalisant, même s’il n’est pas forcément conçu pour rouler sur les pentes les plus raides. Dans ces conditions, il n’a pas l’agilité d’un vélo de montagne qui sera plus réactif sur les changements de rythme.
Outre ce détail, le vélo est toujours aussi agréable quand la route se cabre, les relances en sortie de virage sont bien retranscrites dans les pédales, je n’ai jamais eu l’impression de perdre des watts dans la torsion du cadre. Dans le Nord, les bosses sont courtes et donc souvent avalées grand train, le vélo y est vraiment à l’aise. On peut appuyer sans retenue, ça répond bien !

Et en montagne ? L’aéro compte aussi !

Ayant passé des vacances dans les Alpes l’été dernier, j’ai pu évaluer le comportement du Trek Madone SLR dans les cols. Malgré une condition physique un peu faiblarde liée à une grosse chute fin mai, je tire quand même de ce séjour des enseignements intéressants.

Même en montagne, le Trek Madone SLR se montre efficace

Tout d’abord, comme évoqué précédemment le Trek Madone est un peu plus lourd qu’un vélo dédié à la montagne. On peut aisément le comprendre quand on voit la section des tubes, mais cela se compte finalement en quelques dizaines de grammes. Chaussé de roues RAR Even 38, j’ai pesé mon Madone à 7,1 kg.
Dans les longues montées, très honnêtement, je n’ai absolument pas ressenti ce surpoids qui peut être éventuellement pénalisant pour les purs grimpeurs qui montent par à coup. Ce n’était pas vraiment mon cas l’été dernier, je ne peux donc pas me prononcer sur ce point. Personnellement, je n’ai pas souffert plus que d’habitude sur mon Madone.
Le cintre aéro qui pouvait paraître perturbant ne l’est finalement pas du tout. La prise en main en haut du guidon est même plus agréable qu’avec un cintre rond, car la forme en aile d’avion s’adapte bien à la paume de la main. Mieux vaut quand même porter des gants, car le contact de la peau directement sur le carbone (il n’y a pas de ruban de cintre à cet endroit) n’est pas des plus agréables et peux même être glissant.

Mon Trek Madone SLR à patins au sommet du Semnoz au dessus d'Annecy

Et en montagne, une fois qu’on bascule au sommet, on attaque une partie du cyclisme que j’apprécie particulièrement. Les descentes de cols dévalées à vive allure, c’est mon truc ! J’avais donc hâte de tester le madone dans ces conditions, même si je n’ai pas pris beaucoup de risque ayant encore une clavicule endommagée.
Le Trek Madone SLR avec freins à patins est donc un formidable vélo pour descendre les cols. Avec sa grande rigidité, il permet d’enfiler sereinement les virages, tandis que la direction ultra directe place le vélo au millimètre. On peut prendre de l’angle sans problème, le vélo est vraiment rassurant. Et point de vue freinage ?

C’était ma plus grande crainte en achetant ce vélo, je ne savais pas à quoi m’attendre sur la puissance de freinage. Ce séjour en montagne était l’occasion idéale de tester ce point. Le bilan est donc clair : ça freine fort ! J’étais habitué sur mon ancien Look 695 aux excellents étriers Dura-ace et je n’ai pas noté de différence avec les freins intégrés sur le Madone. Pour ceux qui en doutaient, soyez rassurés !

Dans la montée du Cormet de Roseland, ça passe très bien au guidon d'un Trek Madone SLR

Un vélo exceptionnel, plus polyvalent qu’il ne laisse paraître…

Très efficace sur le plat, à l’aise sur les parcours vallonnés, agréable en montagne, ce Trek Madone SLR fait vraiment partie des vélos d’exceptions qui procurent un grand plaisir de rouler ! Sa rigidité le réserve cependant à des cyclistes bien entraînés, même si le système IsoSpeed permet de gagner en souplesse verticale, améliorant le confort au fil des sorties.
On peut également se dire qu’un vélo taillé pour rouler vite n’aura que peu d’intérêt pour des pratiquants qui ne recherchent pas la performance à tous prix, tout comme les habitants de régions montagneuses qui ne roulent forcément pas très vite dans les cols. Quoique, plusieurs études scientifiques récentes montrent qu’un vélo aéro est intéressant en montagne, permettant de gagner beaucoup de temps en descente et dans les vallées…

Les lignes racées de ce Trek Madone SLR avec freins à patins en font un vélo d'exception !

Reste une question importante que j’ai rapidement évoqué. Ce vélo est tout simplement hors de prix, ultra cher, coûte un bras, je vous laisse choisir la formule qui vous convient le mieux. Selon l’équipement choisi, il vous en coûtera entre environ 7000 € et plus de 12000 €, ce qui dépasse largement les limites du raisonnable.
Est-ce que ce vélo vaut son prix ? Je dirais que non, au même titre qu’une Ferrari ou une montre de luxe. J’entends par là que l’on trouve très certainement des vélos aussi efficaces moins chers, mais que le prestige du haut de gamme fait de ce vélo un produit d’exception. Il y a bien des millions de personnes dans le monde qui mettent plus de 1000 € dans l’achat d’un iPhone…

Concrètement, si vous avez le budget, si vous aimez rouler vite, si vous aimez les lignes racées de ce Trek Madone SLR, foncez !

Je termine ce long test en remerciant Victor et Antoine du magasin Guibole et Guidon à Marquette-les-Lille, spécialistes de Trek et pas avares de conseils lors de l’acquisition de cette machine de course. N’hésitez pas à leur rendre visite…

4 thoughts on “Trek Madone SLR freins à patins, le grand test !

  1. Retour très intéressant sur ce vélo aero. Finalement, ça devient de moins en moins intéressant de prendre un vélo typé montagne.
    Et la conclusion sur le Di2 ?

  2. Effectivement, un vélo aéro est également intéressant en montagne, c’est confirmé par des études très sérieuses. Point de vue DI2, est bien moi qui était réticent, j’en fait désormais la promotion ! Certes, le surcoût à l’achat est important, mais quel confort à l’usage ! Je roule justement en ce moment sur mon mulet qui est en Ultegra mécanique, ça fonctionne très bien mais le DI2 offre des fonctionnalités très intéressantes qu’on ne peut pas retrouver sur une transmission mécanique. Par exemple, quand on change de plateau, le système monte ou descend automatiquement deux dents à l’arrière. Le changement est donc moins radical, c’est très plaisant en course par exemple…
    Bref, je recommande vivement !

  3. Tout à fait d’accord .
    Pour ma part je n’ai pas encore sauté le pas pour le Di2, je n’étais pas convaincu lors de l’achat de mon dernier vélo. J’ai depuis beaucoup discuté avec des copains équipés en Di2 et qui ne reviendraient pas en arrière : confort, rapidité des changements, fiabilité, ils n’y voient que des avantages.
    A noter qu’ils ont tous plusieurs vélos et économisent bien évidemment leur monture haut de gamme pour s’entraîner avec leur mulet.
    Merci pour ton article !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.