Haute Route Watopia, une expérience inédite

La Haute Route Watopia, une course par étape montagneuse virtuelle...

La Haute Route, ses cols magnifiques, ses parcours hyper difficiles à travers les montagnes européennes, américaines, mexicaines… Et bien non, confinement oblige, pas de tout ça pour la première épreuve de la Haute Route en 2020… C’est sur home-trainer que les coureurs avaient rendez-vous avec la Haute Route Watopia, sur la plateforme à la mode dans le vélo, Zwift. Retour sur une expérience inédite pour moi…

3 étapes et un classement général au temps, une première sur Zwift

Je dois bien l’avouer, quand la newsletter annonçant la Haute Route Watopia est arrivée dans ma boîte mail au cours de l’hiver, je n’étais pas très emballé. Moi qui utilise l’application pour home-trainer Zwift depuis déjà un bon moment, j’avais du mal à comprendre l’intérêt d’une telle « compétition » bien que la difficulté annoncée était réelle. Organisée sur trois jours en autant d’étapes le premier weekend d’avril, je ne comprenais pas bien l’intérêt de passer plusieurs heures dans mon garage alors que j’aurais pu faire des sorties ou courses en extérieur…
Mais ça, c’était avant que le Covid 19 ne fasse son entrée en Europe. Avec le confinement, le home-trainer est devenu la seule possibilité de s’entraîner en vélo, alors pourquoi pas participer à cette Haute Route virtuelle ?

Cette Haute Route Watopia proposait donc une première étape de 47 km avec 879 mètres de dénivelé positif, une seconde de 25 km avec 1161 mètres de D+ et une dernière étape de 72 km et 1333 mètres de D+. Si ces distances et dénivelés paraissent raisonnables, ils sont en fait déjà bien conséquents quand il faut les parcourir sur home-trainer. Je n’avais pour ma part jamais dépassé les 1h30 de HT, j’allais cette fois être servi !
Petite particularité de cette Haute Route sur Zwift, un classement général allait être calculé au cumul de temps sur les trois étapes, comme sur une Haute Route traditionnelle. A ma connaissance, c’est la première fois qu’un tel classement au temps était organisé sur Zwift.

De mon côté, n’ayant jamais participé à une course sur Zwift, je m’attendais à souffrir un peu. Certes, l’effet d’aspiration est plutôt bien simulé entre les différents avatars, les pentes sont plutôt réalistes et mon home-trainer Elite Drivo retranscrit fidèlement le parcours dans le pédalage. Mais pas besoin d’avoir déjà fait une couse sur Zwift pour savoir que le niveau y est souvent très élevé. Entre les coureurs pros, les élites, les malades du home-trainer et les tricheurs, difficile d’envisager de faire une belle place sur ces épreuves…

3 jours de gestion pour se faire la peau

Alors en ce vendredi 3 avril, le rendez-vous était pris dans mon garage, le ventilateur bien en place, mon fils en supporter, pour me lancer dans la première étape de cette Haute Route Watopia.

Sachant bien qu’il fallait partir à bloc ou presque sur les courses Zwift, je mettais en route l’application 10 minutes avant le départ pour bien m’échauffer. Puis à l’heure exacte, les 8000 participants étaient lâchés ! J’appuyais fort sur mes pédales pendant deux ou trois minutes, avant de relâcher un peu la pression en sachant que je ne pouvais pas tenir ce rythme très longtemps.
Je prenais alors mon allure de croisière autour de la 500ème place, en conservant un rythme moyen sur le plat et plus élevé dans les différentes montées du parcours. Le long peloton finissait par se morceler au fil des kilomètres, si bien qu’il fallait rester vigilant pour rester dans le groupe dans lequel j’avais pris place. L’effort devenait pénible à maintenir, car c’est bien le problème sur home-trainer, il n’y a pas de temps mort !
Je terminais cette étape lessivé, et mettais plusieurs minutes à retrouver des jambes détendues… Ce gros effort me permettait de prendre la 298ème place, pas si mal vu le niveau !

Le niveau sur Zwift est impressionnant, il fallait se faire la peau pour être devant !

Le lendemain, rebelote ! Avec 24 km et une montée de l’Alpe du Zwift au programme, je choisissais de démarrer prudemment pour tout donner dans la montée virtuelle la plus difficile de Zwift.
J’appliquais mon plan à perfection, perdant quelques places dans les premiers kilomètres avant d’entamer une belle remontée dans le col final. Mais que c’était dur ! Je sentais bien que la récupération n’était pas idéale par rapport à la veille, et je devais puiser dans mes réserves pour maintenir le niveau d’effort que je visais… En maintenant péniblement le rythme qui est habituellement le mien dans les cols, je parvenais à franchir la ligne d’arrivée à la 295ème place, à 280 watts de moyenne sur plus d’une heure. Presque un record pour moi…

Dimanche 5 avril, toujours sous les encouragements bienvenus de mon fils, je prenais donc le départ de la dernière étape. Celle-ci me faisait un peu peur car il fallait envisager deux bonnes heures de route, une durée que je n’avais jamais atteinte sur home-trainer.
Comme la veille, je décidais d’être raisonnable sur le plat et d’appuyer le plus fort possible dans les bosses.
Le peloton toujours très imposant s’étirait rapidement dès la première bosse franchie, dans laquelle j’accélérais franchement. Mais les jambes n’étaient visiblement pas de la partie… Après une petite portion de plat, j’attaquais le premier col plein d’ambition avec des sensations un peu retrouvées. Je soufflais un peu dans la descente, gérais sur le plat, mais l’ascension suivante allait être fatale. Je n’avais plus de jus, et il fallait tenir encre 45′ pour passer la ligne d’arrivée…
Ce niveau de fatigue élevé me coûtait cher, je terminais 404ème. Et très franchement, je n’accordais pas tant d’importance à ce résultat, j’étais cramé !

A bloc dans l'Alpe du Zwift, et comme dans la réalité, que c'est dur !

Au général, me ne demandez pas comment fut calculé le classement, mais j’ai terminé 914ème.
Je retiens surtout de cet enchaînement de trois courses sur Zwift que cet univers est très particulier. Il est important de partir à bloc au départ des courses et de maintenir un niveau très élevé de puissance pour rester dans les roues des premiers. Car le phénomène d’aspiration « virtuel » joue énormément sur le résultat. Si on saute du peloton, on perd vite énormément de temps.

La grosse différence avec une course réelle est qu’il n’y pas vraiment de changement de rythme. C’est une long contre-la-montre, il faut produire la meilleure puissance sur toute la durée de la course et la façon la plus efficace d’y arriver est de lisser le plus possible son effort.

Je participerais certainement à d’autres courses sur Zwift d’ici la fin du confinement pour voir si je suis capable d’y faire des performances. Je viserais des formats plus courts, histoire de m’amuser un peu… mais attention.
Faire des courses sur Zwift ou les autres plateformes virtuelles est très couteux en énergie, et ne doit pas se substituer à des entraînements calibrés. Il y a quand même un grand risque d’en faire trop, et d’être à bout de souffle à la sortie du confinement…

La possibilité de ressortir son vélo en extérieur se rapproche pour la majorité des cyclistes français, cela va faire du bien au moral. Mais n’oubliez pas que le home-trainer est un outil très intéressant et désormais ludique avec une plateforme comme Zwift. Cela pourrait vous être utile si vous voulez vraiment progresser dans les mois à venir sans avoir le temps de faire de longues sorties en extérieur…

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